• Une réponse inattendue

    Antoine attendait déjà depuis au moins cinq bonnes minutes dans le froid glacial de ce début d’hiver. Le gel n’épargnait aucun arbre et ses mains commençaient à être dans le même état. A croire que Mathieu se plaisait à le laisser attendre devant sa porte. Le jeune homme à la chevelure presque vivante était venu pour exposer son projet de vidéo commune tant demandé par les fans. Pourtant Mathieu avait l’air emballé quand il lui en avait parlé mais là il avait beau sonné, personne. Antoine commençait à rebrousser chemin quand des pas précipité se firent entendre de l’autre coté de la porte. La porte s’ouvrit sur un gamin essoufflé.

                    « Désolé j’avait mon casque, je t’ai pas entendu…

                    -Geek ! Pourquoi c’est toi qui ouvre ? Mathieu n’est pas là ? interrogea-t-il tandis qu’il se glissait à l’intérieur sous l’invitation du plus jeune.

                    -J’imagine que non s’il n’est pas venu t’ouvrir… »

                    Le Geek paraissait perdu et son expression était encore plus naïve que d’habitude. Le petit referma la porte pour que le froid n’envahisse pas trop la pièce. Le hall formait en fait une unique pièce avec le salon, Antoine connaissait l’appartement par cœur.

                    « Je vais aller voir dans sa chambre, merci de m’avoir ouvert. Tu peux te remettre sur WoW.

                    -M…Merci… rougit-il de jouer autant au jeu vidéo »

                    Le Geek s’éclipsa dans le couloir pour rejoindre sa chambre tandis qu’Antoine commençait à monter les marches du Duplex. L’apparentement était très spacieux, personnalité multiples obligent. Une fois en haut des escaliers le couloir tournait vers la gauche et ouvrait sur de nombreuses portes. La première sur la droite était la chambre du Hippie, puis venait, sur la gauche, celle de Maitre Panda accolé au studio d’enregistrement. Ensuite on trouvait celle du Patron à droite et en face la chambre des « personnalité passagère », anciennement celle de la fille. La chambre-labo du Prof était au sous-sol car il n’était pas parti comme la fille, Mathieu ne pouvant se résigner à le virer de ses produits chimiques.  Tout au fond du couloir se trouvait la porte la plus excentré de l’appartement, la chambre de Mathieu. Tandis qu’il passait devant les différentes portes des bruits ‘échappait de certaines d’entre elles, caractéristique des personnalités qui les occupaient. Des bruits de divagations et de délires, les fredonnements d’une chanson et … rien. Le Patron n’était apparemment pas dans son antre, c’était plutôt curieux car depuis une gaffe du Hippie qui était sorti acheter sa drogue les personnalités de Mathieu était confiné de force à l’intérieur. Peut-être était-il en train de magouiller avec le Prof pour obtenir des substances aux effets… étranges. Au fond Antoine s’en moquait. Puis parmi les bruits il entendit un couinement venir de la pièce du fond. Qu’est ce que Mathieu pouvait bien faire ? Pensant que son ami s’était fait griffé par Wifi Antoine pénétra en trombe dans la chambre pour protéger son ami du « Mal ». En ouvrant la porte à moitié le présentateur de What The Cut !? ne voyait que le bureau et l’armoire de son collègue et aucune trace de Mathieu, pourtant il avait bien entendu… Un son lui glaça le sang. Un bruit de succion succéder par des gémissements, mais pas des gémissements de douleur, des gémissements de plaisir. Le corps d’Antoine refusait de bouger, trop surpris de perturber un moment aussi intime de son ami. Puis il remarqua que loin d’arrêter les acteurs des bruits, le son s’amplifiait. Il n’avait apparemment pas remarqué sa présence. La curiosité poussa Antoine à vouloir aller voir quelle fille pouvait bien donner autant de plaisir à son collègue, surtout que Mathieu était célibataire en ce moment… Alors sans bouger la porte, il glissa sa tête sur le coté, juste assez pour apercevoir le lit. La tête du lit était contre le mur de droite et Mathieu était assis sur celui-ci les jambes grandes écartés pour laisser à la fille la place de prendre sa virilité. La fille par contre… Elle avait les cheveux courts, et elle portait un costume. Le cerveau d’Antoine (si si c’est possible :p) élabora deux hypothèse : soit son ami avait des fantasmes plutôt étranges et profitait de son célibat pour les accomplir soit… Il n’eut pas le temps de formuler sa deuxième théorie que la silhouette devant Mathieu se releva lentement.

                    « Qu’est ce que… tu fais… Patron ? Pourquoi tu… t’arrêtes ? essaya d’articuler le brun échauffé.

                    -Je crois qu’on a de la visite, gamin »

                    Le patron replaça ses lunettes de soleil sur ses yeux lubriques et sans laisser le temps à Antoine de réagir, claqua la porte violement. C’est là qu’Antoine réalisa le pétrin dans lequel il s’était mis, il était du mauvais coté de la porte… Dans cette situation le Patron aurait du le jeter hors de la chambre pour continuer mais au lieu de cela il se retrouvait prisonnier du sadique qui c’était placé entre lui et la sortie. Antoine retint un petit hurlement. De l’autre coté de la pièce, Mathieu avait complètement coupé sa respiration et avait viré du rouge bouillant au blanc pale comme s’il essayait d’imiter le froid glacial de l’extérieur. Sa verge était encore bien dressé devant lui mais il ne tarda pas à remonter son caleçon et à attraper son jean jeté dans le coin du lit et se rhabilla. Malgré la menace muette du Patron Antoine n’arrivait pas à effacer l’image de son esprit du corps de Mathieu suppliant les assauts de l’autre homme, quelques gouttes perlant sur son front. Son torse finement musclé et la fine toison qui le recouvrait. Revenant de sa rêverie il vit Mathieu chancelant encore sur ses jambes, la figure nerveuse.

                    « Tu veux que je le tue ? » La phrase du Patron avait filé droit pour venir s’abattre sur Antoine. Il savait très bien que le criminel en était capable et il ne put empêcher un frisson de parcourir son échine.

    « Non, tu ne peux pas le tuer, c’est moi qui lui ai demandé de venir, j’avais complètement oublié… » Mathieu s’était rassît sur son lit et avait mis sa tête dans ses mains comme en proie à une intense réflexion.

                    « Je peux lui couper la langue sinon, histoire de l’empêcher de parler.

                    -J’ai dis non, tu ne lui fais pas de mal. Mais ferme la porte »

    Le Patron ne se fit pas prier pour exécuter ce que Mathieu avait demandé.

    « Je…

    -La ferme, s’exclama le Patron

    -Mais…

    - Tais-toi Antoine s’il te plaît. »

    Cette fois-ci le Youtubeur aux cheveux rebelles se tu. Il assistait impuissant aux réflexions de Mathieu sur son sort.

    « Attache-le à la chaise. »

    Antoine hoqueta lorsque le Patron l’empoigna pour le cloué au fauteuil derrière lui. Il attrapa rapidement du scotch qu’il trouva sur le bureau et entoura les poignets d’Antoine. Le bougre avait beau se débattre, le criminel n’avait l’air nullement impressionné et continua la manœuvre  que Antoine soupçonnait qu’il avait souvent répéter. Des frissons d’un froid glacial parcoururent tout son corps quand il comprit qu’il ne pourrait sortir qu’au bon vouloir des deux hommes. Il misa sur la rationalité de Mathieu pour le sortir de ce mauvais pas.

    « Bon ba je sers à rien ici alors je vais vous laissez discutez les petits, bye bye !

    -Merci »

    Le soulagement que ressenti Antoine à ce moment là était tout à fait indescriptible, que le Patron s’en aille signifiait qu’il avait beaucoup plus de chance de s’en sortir. Avant que le Patron ferme définitivement la porte pour les laisser il lança :

    « Hésite pas à m’appeler tout de même si tu veux passez à la manière forte, gamin »

    Antoine priait intérieurement pour que rien ne ramène le Patron dans la chambre.

    « C’était censé rester secret, tenta de se justifier Mathieu

    -Tu n’as pas à t’expliquer, seulement tu ne trouves pas ça étrange de faire « ça » avec toi-même ?

    -Je trouvais ça immorale au début mais tu sais comment est le Patron, il agresse tout le monde. Ca lui plaît de me faire chier et là c’était le must !

    -Pourquoi tu fais ça ?

    -Il m’a promit qu’il ne toucherait à aucune autre de mes personnalité si j’acceptais.

    -Et tu vas me faire croire que c’est juste en échange de ça ? Je pense qu’ils peuvent se défendre tout seul et puis le Patron ne tient pas à les faire fuir non plus. Si tu n’en a pas envie, arrête !

    -Le problème c’est que j’en ai envie. »

    Le regard que lui jeta Mathieu lui glaça le sang. Pour une raison inexplicable il avait l’impression que son ami le tenait pour responsable direct de ce qui arrivait.

    « Pourquoi tu me dis ça ?

    -Parce que tout ça est à cause de toi !

    -Comment ça ? Je comprends rien, qu’est ce que je viens faire la dedans !

    -Antoine, soupira longuement Mathieu. Combien de message implicite va-t-il falloir que je t’envoie pour que tu comprennes ?

    -Que je comprenne quoi ? s’écria Antoine complètement paniqué. J’ai fait un truc qui ne fallait pas ?

    -Je t’aime Antoine, lâcha Mathieu dans un seul souffle. »

    Le temps sembla s’arrêter autour d’eux. Mathieu gardait les yeux fixer sur le sol alors que Antoine l’observait, bouche bée. Il avait du mal à entendre et surtout à comprendre ce que les paroles de Mathieu impliquaient. Quand son cerveau se remit en marche il eu l’impression d’étouffer, d’être emprisonné dans une réalité qui n’avait pas lieu d’exister. L’énorme décalage entre les paroles de Mathieu et ses actes apparaissaient comme un gouffre infranchissable. Il devait rêver, il n’y avait pas d’autre solution… Les évènements qui s’enchainaient étaient complètement contradictoires ! Il fit voyager son regard sur tout le corps de Mathieu. Il sentait les liens autour de ses poignets, il n’était pas dans un rêve… Il savait ce qu’il était censé faire dans ce genre de situation, il devait répondre. Mathieu avait toujours été un ami formidable, il pouvait facilement dire que c’était son meilleur ami mais il n’était pas gay… D’ailleurs, depuis quand Mathieu l’était t-il devenu ? Peu importe, son cœur lui disait d’essayer mais sa logique lui criait qu’il allait le blesser si ça ne marchait pas… Il était coincé… Mathieu se rapprocha de lui, un pas après l’autre. Antoine ne réagit pas vraiment à l’approche de son ami, trop choqué par l’aveu qu’il venait de lui faire. Mais quand Mathieu se pencha vers lui et posa ses lèvres sur les siennes, il comprit. Ce n’étais pas seulement l’amitié qui le rendait protecteur avec Mathieu, ce n’étais pas ça qui faisait qu’il voulait passer le maximum de son temps en sa compagnie et ce n’est surement pas ça qui lui faisait regarder son corps de cette façon. Ce n’était pas de l’amitié. C’était bien plus puissant que ça, plus enivrant. Quand Mathieu s’écarta après le bref échange, Antoine prit son courage à deux mains. Avec la liberté de mouvement que lui laissaient ses entraves il revint coller ses lettres à celle de Mathieu.

    « Je crois que moi aussi… »

    Le cœur de Mathieu rata un battement et il bloqua sa respiration, comme pour se persuader que son imagination ne lui jouait pas des tours. Mathieu bondit sur les jambes d’Antoine. Il l’embrassa à pleine bouche dans un ballet sensuel. Quand il lâcha ses lèvres ce fut pour le prendre dans ses bras. Il ressemblait à un petit enfant au quel on aurait accordé le cadeau de ses rêves. Il le serrait aussi fort qu’il le pouvait, il s’assurait qu’il ne se dérobait pas. Antoine le laissa faire. Lorsque Mathieu eu le courage de se décoller ce fut pour mieux faire glisser ses mains sur le corps qu’il voulait découvrir.

    « Détache moi sinon je ne peux pas participer, sourit Antoine.

    -Tu ne partiras pas, promit ?

    -Promis, répondit le plus grand en plantant ses yeux dans ses homologues couleurs d’océan. »

    Mathieu détacha les liens un brin soupçonneux mais toute ses préoccupations s’envolèrent lorsque Antoine les jeta tout les deux sur le lit. Le plus grand se cala à califourchon sur le plus petit.

    « Tu es en avance sur moi, murmura Antoine en sentant que les attentions du Patron ne c’était pas encore dissipé. »

    Mathieu ricana a cette remarque, il ne pensait même plus au Patron. Tout ce qui lui importait c’était Antoine, rien que lui, ils étaient seuls au monde. Antoine retira prestement mais doucement leurs habits, ils se retrouvèrent rapidement en boxer, coller l’un à l’autre. Agacé d’être inactif, le porteur des yeux océans inversa leur position pour se retrouver assis sur le bassin de son amant. Il se trémoussait plus faire durcir Antoine qui étais déjà bien excité. Il descendit le boxer du chevelu et commença de lent va et viens. Cette attention fut très appréciée par la « victime » qui poussa de longs gémissements. Il continua en apposant de timide coups de langue sur le gland puis fit voyager sa langue sur tout le long de la colonne de chair. Ensuite, il céda aux suppliques d’Antoine et pris le membre entier dans sa bouche.  Au bout de quelques minutes de ce traitement Antoine était au bord du gouffre doré de la jouissance. Mathieu retira immédiatement sa langue. Il se régala des grognements de frustrations de son amant. Antoine avait toujours les yeux clos lorsqu’il sentit Mathieu remuer au dessus de lui. Curieux il ouvrit les yeux pour découvrir un tableau de pure luxure. Son petit-ami était entrain de se préparer avec ses doigts juste sous son nez. Antoine cru qu’il allait jouir juste à cette vue. Le visage de Mathieu était partagé entre la douleur et le plaisir tandis qu’il enfonçait ses doigts de plus en plus profond. Antoine ne put se retenir plus longtemps et sans même avoir l’accord du plus petit, il le renversa sur le coté. Il s’installa entre les cuisses largement écarté et après avoir eu l’autorisation, le pénétra. L’entre chaude l’accueillit plus ou moins facilement mais la douleur passa vite dès que Antoine se mit à bouger. Il chercha pendant une longue minute la prostate de Mathieu et comme il la trouvait il accéléra ses mouvements de bassins. Leurs deux entrejambes s’entrechoquaient dans une anarchie totale. Nul besoin d’harmonie, ils attendaient cela depuis trop longtemps. Les deux jambes hommes avaient la respiration saccadée, leurs corps suintaient de toutes les forces qu’ils mettaient dans leur acte mais aussi de la chaleur de l’excitation que leur procuraient le moment. Soudain le corps de Mathieu se cambra à son maximum et son membre tendu se libéra. Il jouit entre leur deux corps tandis qu’Antoine venait en lui. Après quelques minutes à se remettre de leurs orgasmes, Antoine entama le sujet qui le préoccupait :

    « Tu vas continuer à coucher avec le Patron ?

    -Non, sourit Mathieu en pensant à la jalousie de son nouveau petit-ami.

    -Mais les autres…

    -Ils sauront très bien se débrouiller sans mon aide. Cette histoire c’était surtout pour évacuer la frustration sexuelle de ne pas t’avoir dans mon lit.

    -C’est pour ça que tu faisais « ça » juste avant de me voir tout à l’heure ?

    -Oui, répondit calmement Mathieu en se lovant au creux de son amant.

    -Si j’avais su…

    -Moi aussi.

    -J’en suis sûr maintenant, je t’aime, chuchota Antoine avant de clore ses yeux.

     

    -Je sais ».

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